M. Trachsel: L’histoire touristique des Rasses 1840-1930

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Titel
L’histoire touristique des Rasses 1840-1930. Étude du développement du tourisme dans une station de l’Arc jurassien


Autor(en)
Trachsel, Malika
Erschienen
Sainte-Croix 2015: Mon Village
Anzahl Seiten
189 S.
von
Gilbert Coutaz

Des sept régions touristiques suisses aux XVIIIe-XXe siècles, celle de l’Arc jurassien est sans doute la moins connue. En effet, elle surgit à la fin du XIXe siècle après les autres dont elle devra se démarquer pour souligner ses originalités: Arc lémanique, Oberland bernois, Suisse centrale, Tessin, Valais et les Grisons. La monographie régionale consacrée aux Rasses, hameau situé sur un plateau de la commune de Bullet, à 1183mètres d’altitude, mais en fait accolé dans les politiques promotionnelles à Sainte-Croix et Yverdon-les-Bains, démontre comment un nouvel espace touristique a pu s’affirmer à la fin du XIXe siècle et trouver sa propre identité. Plusieurs facteurs ont joué en faveur des Rasses. D’un lieu de villégiature estivale pour des familles bourgeoises neuchâteloises, dès les années 1840, qui y trouvaient air pur, calme et isolement – le «Sommerfrische» germanique –, l’endroit va vivre de profonds et durables changements avec les inaugurations le 2 août 1883, de la nouvelle route de Sainte-Croix à Bullet, et le 17 novembre 1893, de la ligne du chemin de fer à voie étroite Yverdon-Sainte-Croix, qui met la localité jurassienne, dans le sens montant, à 1h40 de la plaine. Chance extraordinaire, les frais de construction de la liaison ferroviaire furent intégralement assumés par William Barbey (1842-1914), de Valeyres-sous-Rances, député philanthrope, une des plus grosses fortunes de Suisse. Autre protagoniste de l’essor des Rasses: Édouard Baierlé (1852-1937), fit construire le Grand Hôtel des Rasses, qui ouvre ses portes le 15 juin 1898, et le transforma entre 1913 et 1914 pour doubler sa capacité d’accueil.

À l’instar des autres stations de l’Arc jurassien, les sports d’hiver introduits dès 1903 vont permettre l’agrandissement du parc hôtelier, passant d’une seule pension d’étrangers en 1893 à dix à la veille de la Première Guerre mondiale. Les années 1914 à 1930 mettront à l’épreuve la station des Rasses qui saura conserver sa clientèle étrangère et trouver dans son argumentaire publicitaire les attraits d’une région de moyenne montagne (elle favorise la pratique du ski de fond), avec ses spécificités, en particulier par rapport aux stations de l’arc alpin: elle est à échelle humaine, elle combine différentes activités de plein air, de cure médicale et climatique, elle offre un panorama enchanteur, les initiatives des hôteliers sont nombreuses et plaisantes. Tout compte fait, elle résistera mieux que les autres lieux de l’Arc jurassien, grâce à son offre diversifiée et à ses infrastructures de qualité. Ce n’est pas par hasard qu’elle est nommée «Perle du Jura Vaudois», elle a su rester une station à succès, malgré les épreuves du temps.

Se fondant sur la longue période – les années antérieures au tourisme permettent une mise en perspective de l’étude convaincante et recommandable –, l’auteure livre une monographie intelligente, richement documentée et illustrée. Cela tient à la fois à l’ampleur des sources exhumées, aux informations puisées dans les témoignages, les guides et les journaux locaux, et à une rédaction épurée et précise. Le plan de l’ouvrage suit la linéarité du développement des Rasses, non sans faire des incursions dans les problématiques générales de l’histoire touristique, du modèle économique de l’Arc jurassien et dans l’étude chiffrée de la clientèle, lorsqu’elle est possible. La publication comble un déficit important de connaissances sur le tourisme dans l’Arc jurassien qu’elle contribue à sortir de l’isolement et s’ajoute aux travaux déjà entrepris sur le thème du tourisme en 2006 par la Revue historique vaudoise, en 2013 par Simon Leresche (RHV, 123, 2015, pp. 270-272) et en 2014 par Marc Gigase, Cédric Humair, Julie Lapointe Guigoz, Stefano Sulmoni et Laurent Tissot (RHV, 123, 2015, pp. 264-267), ainsi que dans le présent numéro. À l’exemple de ces devanciers, Malika Trachsel s’impose désormais à tout auteur de recherches sur le tourisme.

Zitierweise:
Gilbert Coutaz: Malika TRACHSEL: L’histoire touristique des Rasses 1840-1930. Étude du développement du tourisme dans une station de l’Arc jurassien, Sainte-Croix: Mon Village (Cercle d’histoire de la Région de Sainte-Croix), 2015. Zuerst erschienen in: Revue historique vaudoise, tome 124, 2016, p. 290-291.

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Zuerst veröffentlicht in

Revue historique vaudoise, tome 124, 2016, p. 290-291.

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