É. Chevalley u.a. (Hrsg.): La mémoire hagiographique de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune

Titel
La mémoire hagiographique de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune. Passion anonyme de saint Maurice, Vie des abbés d’Agaune, Passion de saint Sigismond


Herausgeber
Chevalley, Éric; Roduit, Cédric
Reihe
Cahiers lausannois d’histoire médiévale
Erschienen
Lausanne 2014: Université de Lausanne
von
François Dolbeau

Les origines de Saint-Maurice d’Agaune sont évoquées dans quatre textes narratifs. Le plus ancien, dû à Eucher de Lyon († vers 450), est la Passion de Maurice et de la légion thébaine, dont une nouvelle édition est en préparation à l’Université de Fribourg; les trois autres sont désormais regroupés – en édition critique avec traduction française – dans cette livraison fort utile des Cahiers lausannois d’histoire médiévale. La Passion anonyme de Maurice, reprise d’un mémoire de licence d’Éric Chevalley (pp. 5-113), avait déjà été publiée dans la revue Vallesia (t. 45, 1990). La Vie des abbés d’Agaune, suivie de leurs épitaphes et d’un poème sur leur collaborateur, le prêtre Probus (pp. 115-181), est ici traitée sur nouveaux frais par le même éditeur. La Passion du roi burgonde Sigismond (pp. 183-279) est reprise d’un mémoire inédit de maîtrise dû à Cédric Roduit. Les trois parties sont présentées de façon homogène: une copieuse introduction, accordant une grande place au classement des manuscrits; l’édition latine; la traduction française, éclaircie le cas échéant par quelques notes; une bibliographie. L’ouvrage s’achève par sept illustrations et un index des noms propres.

Les éditeurs n’avaient pas la tâche facile. Les deux Passions sont très répandues, et leur tradition – qui part des temps mérovingiens – pleine de pièges. Dans celle de Maurice, Éric Chevalley, sans pouvoir être exhaustif, a collationné et recensé 43manuscrits, souvent contaminés ou farcis d’emprunts au texte d’Eucher. Dans celle de Sigismond, Cédric Roduit était confronté à 39manuscrits, dont le latin fut souvent rajeuni, pour évacuer ce que les copistes de diverses époques tenaient pour incorrect. La Vie des abbés d’Agaune, écrite dans un style plus sophistiqué, est transmise par un seul exemplaire médiéval et des copies de la première moitié du XVIIe siècle; elle posait donc des problèmes différents, mais tout aussi délicats: quelle confiance accorder, sur le plan des graphies, à des érudits comme Chifflet et Rosweyde qui destinaient leur transcription à un imprimeur? Comment rendre en français les passages les plus contournés? Par rapport aux philologues qui les ont précédés, dont le plus éminent fut Bruno Krusch, les deux éditeurs ont sûrement fait progresser nos connaissances, ce qui n’est pas un mince compliment.

Depuis quelques années, l’approche du dossier hagiographique de Maurice a été renouvelée, notamment grâce aux colloques: «Saint Maurice et la légion thébaine» en 2003, et «Autour de saint Maurice» en 2009, dont les actes sont parus en 2005 et 2012. L’étude novatrice d’Éric Chevalley en 1990 avait, dans une large mesure, donné l’impulsion initiale. À l’occasion de sa republication, on regrette que l’auteur n’ait pas saisi l’occasion de la compléter en ajoutant quelques pages de bilan sur les intentions de l’anonyme et sa relation exacte avec la Passion d’Eucher. Mais l’apport original des autres parties compense largement cette lacune.

Les critiques que l’on peut formuler concernent des points de détail. Les éditeurs d’oeuvres médiolatines devraient renoncer à désigner leurs manuscrits par des noms latins, ce qui leur éviterait un barbarisme comme Orleanensis (p. 209) ; et leurs apparats seraient plus lisibles s’ils évitaient les sigles complexes, du type ASP, SM, TrS, Val, Vind1 (p. 76). Le terme «hyperarchétype» est, çà et là, employé à tort pour «hyparchétype». La provenance d’un manuscrit de Trèves est donnée deux fois fautivement comme «Saint-Matthieu-Apôtre-hors-les-Murs » (pp. 34 et 233), au lieu de «Saint-Matthias » (forme correcte, p. 144). Les allusions et citations bibliques des deux premiers textes, d’ailleurs étonnamment rares, n’ont pas été relevées, par exemple , Psaumes 135, 4 et 67, 36 (pp. 155, 29 e 156). Quelques coquilles subsistent dans les éditions latines: scriptuarum (p. 160), preacepta (p. 161), despositio (p. 166) ; et l’on relève parfois dans les traductions l’oubli d’un mot (aspeximus, p. 85) ou une légère incohérence: «Hymnémode, après avoir très longtemps refusé, finit par se laisser fléchir… et se rendit sans tarder au chevet du malade» (p. 168), là où le latin indique «et ne différa plus sa visite au malade»). Mais, dans l’ensemble, éditions et traductions témoignent d’une grande acribie.

Zitierweise:
François Dolbeau: Compte rendu de: Éric CHEVALLEY, Cédric RODUIT (éd. et trad.): La mémoire hagiographique de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune. Passion anonyme de saint Maurice, Vie des abbés d’Agaune, Passion de saint Sigismond, Lausanne: Cahiers lausannois d’histoire médiévale, 2014. Zuerst erschienen in: Revue historique vaudoise, tome 124, 2016, p. 277-278.

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Zuerst veröffentlicht in

Revue historique vaudoise, tome 124, 2016, p. 277-278.

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