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Titel
Mémoires de cours. Etudes offertes à Agostino Paravicini Bagliani par ses collègues et élèves de l'Université de Lausanne.


Herausgeber
Andermatten, Bernard; Chène, Catherine; Ostorero, Martine; Pibri, Eva
Reihe
Cahiers lausannois d'histoire médiévale 48
Erschienen
Lausanne 2008: Cahiers lausannois d'histoire médiévale
Anzahl Seiten
553 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Berguerand Claude

Ce quarante-huitième volume des Cahiers lausannois d’histoire médiévale (abrégé ci-après CLHM) constitue à n’en pas douter une livraison exceptionnelle. Il s’agit du premier tome de la collection à se présenter sous la forme d’un mélange d’études réunies à l’occasion du départ en retraite académique du fondateur des CLHM, le professeur Agostino Paravicini Bagliani. Ces vingt et une contributions ne sont pas dédiées à un thème de recherche précis, comme cela a été le cas précédemment (L’itinérance des seigneurs, Pierre II de Savoie, Héraldique et emblématique de la Maison de Savoie, Le Pays de Vaud vers 1300), mais reflètent plutôt les thèmes de recherche de leurs auteurs.

Dans son avant-propos, le professeur Michel Pastoureau rappelle avec admiration et amitié combien le professeur Paravicini Bagliani a marqué de son empreinte la chaire d’histoire médiévale de l’Université de Lausanne durant les vingt-sept années passées à sa tête. En plus de ses nombreuses publications, dont la liste exhaustive figure dans cet ouvrage, le professeur Paravicini Bagliani a dirigé l’enseignement et la recherche de la section d’histoire médiévale en sachant encadrer et stimuler ses étudiants, mémorants, doctorants et collègues. Dans le domaine de la recherche, une des contributions majeures du professeur Paravicini Bagliani a été sa volonté de faire exploiter les riches séries documentaires disponibles pour le Pays de Vaud durant la période médiévale. Comme le signale justement le professeur Pastoureau, Agostino Paravicini Bagliani s’est également livré à de nombreuses autres activités: direction de revues et de collections historiques, participation à plusieurs fondations, associations et sociétés prestigieuses en Suisse et dans le monde.

Le présent volume, au titre fort bien trouvé de Mémoires de cours, illustre pleinement la conception de la recherche historique du professeur Paravicini Bagliani. En effet, lamajorité des auteurs ayant apporté leur contribution provient de la filière de formation de l’Université de Lausanne, les autres étant des collègues des Universités de Lausanne, Genève et Chambéry travaillant sur des thèmes analogues. De plus, tous les articles présentés sont fondés sur une analyse rigoureuse et exhaustive de sources manuscrites ou iconographiques, soit inédites, soit insuffisamment exploitées à ce jour. Selon Michel Pastoureau, ce souci de bâtir le discours sur l’exploitation des sources constitue une des grandes forces de la collection historique lausannoise. Il convient encore de mentionner qu’un autre volume en hommage au professeur Paravicini a été édité parallèlement dans le cadre de la collection Micrologus. Cet ouvrage reflète le deuxième pôle d’intérêt du professeur Paravicini Bagliani, à savoir l’histoire des sciences au Moyen Âge (Natura, scienze e società medievali. Studi in onore di Agostino Paravicini Bagliani, a cura di Claudio Leonardi e Francesco Santi, Florence: SISMEL,Micrologus’ Library 28, 2008).

Malgré une apparente dispersion thématique et un spectre chronologique s’étendant sur sept siècles, ces Mémoires de cours présentent une cohérence certaine. À quelques exceptions près, les études portent toutes sur l’histoire du Pays de Vaud médiéval ainsi que sur un sujet connexe: la Maison de Savoie. Ces deux thèmes demeurent d’ailleurs indissociables pour qui cherche à comprendre l’évolution de notre région à cette époque. Par ailleurs, les éditeurs ont judicieusement découpé l’ouvrage en trois parties homogènes. Le premier chapitre est consacré à l’histoire religieuse et culturelle, le deuxième à l’histoire politique du Pays de Vaud et de la Maison de Savoie et le troisième aux normes et pratiques juridiques.

La première partie se révèle la plus volumineuse et la plus complexe de l’ouvrage. Elle est constituée de onze articles chronologiquement répartis entre le début du XIe et la fin du XVIIe siècle. Elle englobe également un espace spatial important. Ainsi, quoique centrée sur Lausanne et sa cathédrale, elle nous emmène également en Viennois, à Besançon, Padoue et Florence. Finalement, les sources exploitées se révèlent plus hétérogènes que dans les autres parties. Elles sont en réalité de type iconographique pour la description par Serena Romano de la salle capitulaire de la basilique Saint-Antoine de Padoue et manuscrites pour les autres articles, ce second genre offrant cependant des variantes plus ou moins courantes: littérature savante pour les coqs de Pierre Dubuis, collection d’arenga réunies par un chanoine lausannois pour Ernst Tremp, recueils d’exempla relatant des excommunications d’animaux chez Catherine Chêne et, enfin, des documents plus familiers issus des diverses chancelleries. En ce qui concerne les sources documentaires les plus anciennes, Laurent Ripart étudie un serment de paix datant de la première moitié du XIe siècle tandis qu’Alexandre Pahud évoque la situation politique du couvent de Payerne éclairée par un deperditum du tout début de ce même siècle. Trois articles illustrent ensuite la vie religieuse lausannoise. Le thème de la pauvreté est abordé par Georg Modestin au travers d’une donation effectuée par un dominicain lausannois dans la seconde moitié du XVe siècle. Prisca Lehmann rappelle la fondation de la chapelle des Innocents dans la cathédrale au début du XVe siècle en s’appuyant sur son acte de fondation ainsi que sur deux procès-verbaux de visites plus tardifs. Arthur Bisseger tempère quelques idées reçues à propos de l’absentéisme des chanoines à la veille de la Réforme en exploitant les nombreuses données contenues dans un registre intitulé «Calendrier de l’Église de Lausanne» datant du deuxième quart du XVIe siècle. Pour terminer, deux articles sortent du cadre lémanique. Yann Dahhaoui décrit le curieux rituel de l’élection d’un pape des Innocents grâce à la lecture d’un ordinaire-coutumier remontant à la moitié du XIIIe siècle, et Ilaria Taddei présente une synthèse sur les associations de jeunes à Florence au XVe siècle.

Le deuxième chapitre, consacré à l’histoire politique et à l’administration du Pays deVaud et de la Maison de Savoie, présente un plus grand équilibre. Laissant de côté le monde clérical, le spectre chronologique se réduit également, étant donné que la production documentaire laïque ne prend réellement son essor qu’au XIIIe siècle. La période couverte s’étend jusqu’à la fin du XVIe siècle. Les thèmes principaux traités ici sont, d’une part, l’administration du Pays de Vaud (Clémence Thévenaz-Modestin, Franco Morenzoni) et le processus de curialisation de la Maison de Savoie aux XVe et XVIe siècles (Guido Castelnuovo, Eva Pibiri, Thalia Bréro). D’autre part, les deux articles de Christine et Jean-Daniel Morerod et de Bernard Andenmatten démontrent une fois de plus le rôle crucial joué par les princes savoyards dans l’évolution politique de la région.

La troisième et dernière partie de l’ouvrage est consacrée aux normes pratiques et juridiques. Les premières touchent un des domaines les mieux étudiés dans le cadre de la Section d’histoire médiévale de l’Université de Lausanne, à savoir la répression des crimes de sorcellerie dès la fin du Moyen Âge. Dans les trois articles qui y sont consacrés (Kathrin Utz Tremp, Chantal Amman-Doubliez, Lionel Dorthe), l’accent porte sur les implications directes d’enquêtes menées par les pouvoirs laïques dont l’objectif principal visait à rétablir la paix et l’ordre publics au sein des communautés. Les normes juridiques sont illustrées par deux grands spécialistes du droit médiéval romand: les professeurs Jean-François Poudret et Denis Tappy. Le premier étudie la cession de biens en cas d’excommunication pour dettes, une pratique très particulière du droit médiéval. Le second traite de la diffusion des prescriptions canoniques relatives aux fiançailles et au mariage.

Au terme du vaste tour d’horizon présenté par cet ouvrage, le lecteur aura pu se forger une image assez exhaustive des champs de recherche historiques actuels dans notre région. On peut espérer que les étudiants et chercheurs qui succéderont désormais au professeur Agostino Paravicini Bagliani garderont en mémoire l’impulsion qu’il a su donner aux études médiévales lémaniques et que de nombreux volumes des CLHM viendront encore en apporter la preuve. Ce sera là sans doute le plus bel hommage qu’on pourra lui rendre.

Citation:
Claude Berguerand: compte rendu de: Bernard Andenmatten, Catherine Chène, Martine Ostorero, Eva Pibiri (éds), Mémoires de cours. Etudes offertes à Agostino Paravicini Bagliani par ses collègues et élèves de l'Université de Lausanne, Lausanne: Cahiers lausannois d'histoire médiévale 48, 2008, 553 p. Première publications dans: Revue historique vaudoise, tome 117, 2009, p.267-290.

Redaktion
Veröffentlicht am
17.03.2010
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Die Rezension ist hervorgegangen aus der Kooperation mit infoclio.ch (Redaktionelle Betreuung: Eliane Kurmann und Philippe Rogger). http://www.infoclio.ch/
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